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Therion, l’occultisme… et mon empathie

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TherionBillet difficile à écrire pour moi. Je t’ai promis de parler du concert de Therion qui, comme dit dans le billet précédent, a été MA mauvaise expérience au Hellfest. Mais cela ne va pas être chose facile. Et ça risque d’être un peu long. On va rentrer dans l’intimité de la vie intérieure, et je ne suis pas certain de trouver les bons mots pour ça. Surtout, je vais te parler de trucs que tu n’es pas forcément prêt à croire, même si tu es « croyant », et je risque bien de me faire passer pour un demeuré. Avant de donner plus de détails, il faut que je revienne sur deux ou trois petites choses.

Pendant quelques années, avant d’être baptisé (et j’ai continué encore quelques années après, ignorant l’incohérence entre ce que je faisais et la vie de foi dans laquelle j’étais entré), je me suis adonné aux sciences occultes. En gros, pendant une dizaine d’années. J’y ai appris plein de choses, et c’est par cette voie singulière d’ailleurs que j’ai eu la chance de rencontrer le Christ. Comme quoi tout arrive. Oui, en étudiant les sciences occultes, ne serait-ce que sur le plan théorique, on aborde la métaphysique sous un angle très particulier. Très incomplet aussi puisque l’angle en question fait totalement abstraction de la transcendance et de la morale. Au mieux, on ne dépasse pas Spinoza. C’est là toute l’impasse et le danger qu’il représente. Danger, parce que les sciences occultes nous informent par ailleurs d’un ensemble de données sur le monde invisible extrêmement précises, et qu’aucune autre discipline ne nous permet de théoriser aussi clairement. Petite initiation rapide,occultism for dummies.

Il y a, dans l’occultisme, de nombreuses traditions, comme il y a différentes confessions religieuses. Au contraire de la religion, l’exotérisme en quelques sortes, dans laquelle le syncrétisme et le relativisme sont à proscrire, dans l’ésotérisme ces différentes voies sont autant de chemins équivalents pour escalader la même montagne. Celle de l’élévation spirituelle. Mais les termes sont toujours ambigües – c’est la grosse difficulté, source de toutes les confusions – et il faut préciser que « l’élévation spirituelle » n’est pas dirigée vers la transcendance, encore moins vers un Dieu qui se serait incarnée pour notre salut, mais elle est la divinisation de l’Homme par l’Homme. C’est à l’individu de s’élever, par le chemin de la science et de la volonté, à la connaissance de lui-même, le perfectionnement et la réalisation de soi. En somme, l’Homme est un Dieu en puissance, et il lui appartient de réaliser le Grand Œuvre qui le conduira à l’immortalité. Si tu as quelques connaissances dans le domaine, tu reconnaitras sans doute là le jargon plus spécifique aux alchimistes. C’est une voie parmi d’autres, avec son champ lexical, mais largement analogue aux autres voies gnostiques.

Dans les sciences occultes, je me suis beaucoup intéressé à la théorie, essayant de dépasser les particularités de différents courants pour dégager ce qu’il y a de « solide » théoriquement concernant le monde invisible. J’ai aussi bien étudié les gnostiques antiques, les kabbalistes du moyen-âge, les mystiques rhénans, la voie ouverte par John Dee (magie énochéenne), les occultistes modernes (de Crowley à Bardon), le satanisme, la magie du chaos, et bien évidemment le new age. Côté technique, je me suis surtout concentré sur la méditation, le déplacement de la conscience par la concentration, et un truc que tu vas peut-être avoir du mal à digérer : la projection astrale. J’ai tenté deux ou trois autres trucs, aussi, dont je n’ai pas forcément envie de parler, tu m’excuseras.

Ce qu’il faut retenir, c’est que les sciences occultes, comme le nom l’indique, sont une discipline visant à la connaissance du monde invisible. De cette science découle différentes techniques qui nous font toutes entrer dans le monde de l’ésotérisme, sorte d’occultisme pratique. Comme les sciences positives, les sciences occultes comportent plus que leur lot de dérives philosophiques, et même d’absurdité métaphysiques ou anthropologique, et c’est bien là tout le problème. En règle générale, elles aboutissent toutes à une forme d’athéisme, ou d’immanentisme dans le meilleur des cas. On se retrouve qu’on le veuille ou non, et de plein pied, dans le gnosticisme, avec tout ce que cela comporte de condamnable (rappel aux cathos, les gnostiques ont été les tous premiers adversaires des apôtres et dès le début du christianisme on a déjà des récits très clairs des combats de Saint Pierre contre Simon le magicien, et de la condamnation des gnostiques en général : ça aura occupé une bonne part de la vie des Pères de l’Eglise).

La projection astrale, kesako ? Venons-en au cœur de ce monde invisible. Le monde invisible est impossible à cartographier objectivement, car il n’est que subjectivité. Pour autant, cette subjectivité n’est pas un délire individuel. Elle répond à des structures et des fonctionnements qui ont à voir avec la conscience et l’activité psychique. Pour prendre un point d’entrée, une certaine métaphysique chrétienne assez récente (enfin quand je dis récente, c’est un siècle ou deux) , tout à fait pertinente, a inventé le concept de noosphère. Dans la psychanalyse, C.G. Jung a inventé un concept qui croise un peu l’idée de noosphère : l’inconscient collectif. Dans l’occultisme, on aborde un concept beaucoup plus complet et précis, au centre de l’occultisme : le monde astral, dont la noosphère ne serait qu’un des aspects supérieurs. C’est l’équivalent le plus proche, il me semble, de ce que dans notre credo de Nicée nous appelons « l’univers invisible », créé par Dieu au même titre que l’univers visible.

L’univers invisible n’est pas à dissocier objectivement de l’univers visible : seul son rapport à la conscience en fait quelque chose de différent. Pour reprendre un jargon plus new age, le monde vibre sur une infinité de fréquences, et selon la fréquence sur laquelle tu vas brancher ta conscience, tu auras une perception d’autres aspects du monde. L’état d’éveil par défaut de la conscience est commun à tout le monde (ou presque : certains naissent avec des dons particuliers), c’est celui qui nous fait être sensible au monde dit « physique ». Il y a d’autres états, comme le rêve, qui sont également communs, mais pour lesquels la conscience n’est plus en éveil. Elle est totalement passive, et très peu réceptive au-delà de ce qui émane encore des sensibilités de la journée passée, bien que potentiellement en contact avec d’autres plans du monde sensible (mais invisible). On peut également faire certaines expériences de déplacement de conscience au cours d’un orgasme, ce qui a fait connaitre d’ailleurs à la magie sexuelle un succès particulier. Enfin, on peut dire que c’est sur certains niveaux du bas astral que s’établit cette relation assez naturelle entre individus, ou entre un individu et son environnement, qu’on appelle l’instinct.

Par la concentration, par certains rituels (recours à l’efficience liturgique de gestes et paroles symboliques), ou par l’usage de certaines drogues, on peut apprendre à « déplacer » sa conscience éveillée, pour la porter sur un autre niveau de sensibilité. Pour faire l’analogie avec les sens « biologiques », on peut ainsi atteindre certains degrés de clairvoyance ou de clairaudience (ce dernier phénomène étant assez connu dans certains chamanismes primitifs). En émancipant sa conscience de la sensibilité physique et en la portant sur d’autres niveaux, dans ce qu’on peut appeler les plans astraux, on s’affranchi également de certaines limites spatio-temporelles. Il devient alors possible tout autant de faire voyager sa conscience à l’autre bout de la terre sans bouger de chez soi, que de se projeter dans le futur, par exemple. On entre là dans le domaine des arts divinatoires, par exemple. Toute la difficulté étant évidemment de maitriser cette exploration des plans astraux.

La majeure partie des pratiques occultes ne s’embarrasse pas de ces théories, ni même des techniques visant à maitriser la conscience. Elles sont beaucoup plus passives. Si la psychanalyse nous a appris une chose, c’est que nous avons aussi en nous une part « d’inconscience », c’est-à-dire une dimension « invisible »(en rapport au monde invisible) de notre conscience, non maitrisée. Ainsi dans les arts divinatoires, les techniques font usage de supports physiques qui vont servir d’intermédiaire entre les plans astraux desquels on s’informe et la conscience qui reste branchée sur le monde physique. En résumé, il n’y a pas de transe, mais une interprétation de « signes ». Et c’est le cas dans bon nombre de pratiques dites de sorcellerie. Simplement, par un certain travail d’habitude et de sensibilité, on va apprendre à saisir le sens de ce que ces supports expriment de notre perception inconsciente du monde invisible, qu’on aura préalablement disposé à se concentrer sur un aspect particulier du monde invisible. Dis comme ça, ça parait simple, mais c’est souvent un long et rigoureux travail d’entrainement. Dans le même ordre d’idée, certains rituels magiques vont nous permettre d’intervenir, activement cette fois, dans le monde invisible par la médiation de supports, de gestes et de paroles tout ce qu’il y a de plus physique, mais qui auront été préalablement investis d’une fonction et d’une signification particulière qui leur confèrera leur efficience dans l’astral. Ceux qui maitrisent parfaitement ces techniques pourront alors intervenir, par la médiation du monde invisible, sur le monde physique, à distance par exemple, provoquant des phénomènes extraordinaires comme un certain contrôle des éléments (la terre, le feu, l’eau, l’air, évoqués dans les modélisations symboliques pré-scientifiques), par exemple. Enfin, on peut avoir recours à certains stimuli qui vont favoriser le déplacement de conscience. J’ai déjà parlé de certaines drogues (dont l’une des plus efficaces historiquement semble être l’ayahuasca), mais la musique, et en particulier le metal semble-t-il, constitue aussi un stimulant de groupe adéquate pour qui sait s’en servir (ce qui n’a jamais été mon cas), comme peuvent l’être les mantras à titre individuel. Beaucoup plus actuel, j’avais expérimenté ce qu’on a appelé des « drogues digitales », c’est-à-dire des sons qu’on écoute à l’aide d’un matériel audio assez pointu pour que ce soit efficace, et qui, en agissant sur le cerveau, peuvent directement vous faire entrer dans des états modifiés de conscience.

Qu’on le cherche ou non, toi, moi, toute notre activité spirituelle, nos pensées, notre imaginaire et même nos émotions,  imprime le monde invisible au même titre que notre activité physique laisse des traces dans le monde physique. C’est la loi, dans le B.A.BA de la magie, dite « de l’empreinte ». Ces projections dans l’astral, que nous les exercions consciemment et/ou volontairement, ou encore inconsciemment et involontairement comme le commun des mortels, obéissent elles-mêmes à certaines lois. Notamment, comme dans le monde physique, des lois d’attraction/répulsion. Les projections peuvent parfois se repousser assez radicalement dès leur commencement, ce qui pourra te faire ressentir certaines antipathies spontanées avec d’autres personnes par exemple. Mais elles peuvent aussi s’agréger et gagner en présence, en puissance et donc en influence sur le monde physique ou sur les consciences. Un des concepts majeurs, selon moi, des sciences occultes c’est ce que certains occultistes ont appelé les « égrégores », à mettre directement en lien avec le concept Theilhardien de noosphère. Dans l’astral, les pensées, les émotions, bref tout ce qui projette dans le monde invisible, a tendance à s’agréger par affinités. On peut ainsi parler d’égrégore d’un parti politique, d’égrégore d’une religion, d’égrégore d’une nation… Il y a surtout un tas de niveaux intermédiaires aux égrégores d’origine sociale, qui n’en sont pas moins opératifs. C’est le concept qui fonde en tout premier lieu les ordres occultes.

Un ordre occulte, ce sont des personnes initiées un peu à tout ça, qui vont volontairement et consciemment fonder un égrégore, sorte de micro-planète dans l’univers astral, sur la base d’une vocation qu’ils se donnent. Puis en recrutant de plus en plus de membres, en les reliant à cet égrégore par des rituels initiatiques qui n’ont d’autres fonctions que de faire « pactiser » l’inconscient, et éventuellement la conscience, du postulant avec cet égrégore, ils vont pouvoir alimenter cet égrégore, dans lequel ils pourront en retour puiser la force nécessaire pour investir le monde invisible et en maitriser un espace. Ils constitueront, en langage de tous les jours, une sphère d’influence. Mais une sphère d’influence qui dépasse le seul ordre des relations sociales, en se bâtissant une sorte de demeure dans l’inconscient collectif. A mesure que les égrégores se développent, ils deviennent de plus en plus autonomes, et constituent une influence de plus en plus grande sur les esprits. C’est l’un des modes de fonctionnement, par exemple, de la franc-maçonnerie, dans laquelle les passages de degrés sont autant de rites initiatiques visant à cristalliser et amplifier la relation de l’adepte avec l’égrégore de l’ordre.

Bon, je me rends compte que c’est hyper long ce que je raconte. Je rajoute un dernier détail, qui serait du domaine de la mise en garde. Je suis bien placé pour savoir que tout cela, si toutefois tu es disposé à y croire un minimum, est extrêmement fascinant. Pour autant, il faut retenir une chose : de même que le monde visible a sa faune, le monde invisible a la sienne. Dès qu’on s’éloigne un peu du physique, le monde est peuplé d’entités spirituelles tantôt très évoluées, tantôt guère plus animées qu’une plante dans ton jardin, avec lesquelles on ne peut sans doute pas éviter d’interagir. Je parlais dans les pratiques rituelles ou divinatoires, des intermédiaires physiques auxquels nous avons recours pour interagir avec le monde invisible. Une des thèses du Père Jospeh-Marie Verlinde, à laquelle je souscris au moins par prudence, c’est que nous ne coupons pas non plus à une autre forme de médiation, qui est celle qui nous met en relation avec les entités du monde invisible. En gros, te projeter par un rituel ou par la concentration à quelques centaines de kilomètres de chez toi, par exemple, ou apprendre à maitriser ses rêves et en faire ce que tu veux (rêve éveillé), ça n’est pas possible sans un coup de pouce du côté du gentil peuple du monde invisible.

Gentil ? Ben c’est là que la théologie judéo-chrétienne vient nous mettre en garde, et c’est aussi pour cela qu’elle est juste niée par les occultistes (genre ça les arrange pas trop, tu vois) : les seuls êtres spirituels évolués connus comme « bons » font la volonté de Dieu en tous points, ils en sont ses messagers : les anges. En gros, ce n’est pas toi qui les pilote, ce sont eux qui se manifestent. Si donc tu entres en relation avec quelqu’esprit que ce soit dans le monde invisible de ton propre chef et sous ton propre contrôle, ça ne peut être que des entités affranchies de cette volonté divine. En langage chrétien, on appelle ça des démons. En gros, pour te faire une place dans le monde invisible, que tu en aies conscience ou pas (et c’est souvent « pas »), tu pactises. Alors, je suppose que ce qui peuple le monde invisible en dehors des anges n’est pas si globalement mauvais – je parlais tout à l’heure d’une faune, pour faire l’analogie avec notre monde animal – mais si ce n’est pas partout la jungle, c’est tout aussi peuplé de démons, que notre monde physique est peuplé d’êtres humains intéressés surtout par eux-mêmes. Le voyage là-dedans est donc pour le moins compromettant.

Pour ma part, je ne me suis jamais aventuré dans des transes (ou des projections de conscience) très avancées, sans doute parce que je dois avoir un excellent ange gardien (et il a eu du boulot). Un des plans de conscience le plus proche du monde physique, comme une « seconde peau » est celui avec lequel nous pouvons entrer en résonnance via ce qu’on appelle les chakras. Les médecines orientales connaissent bien ce « corps subtil » sur lequel s’applique leur art, et les courants d’énergie qui le parcourent. Leur science millénaire en a même établi une cartographie assez précise. Au cours de mes longues heures de méditation quotidienne (tu sais, le truc que tu peux faire quand t’as pas d’enfants avec des troubles du sommeil), j’ai poussé un peu plus loin quand même, parce que ce n’était pas tellement des questions de santé qui m’intéressaient, hein, tu l’auras compris.

J’ai ainsi appris à développer une certaine empathie, percevant chez les gens plus facilement qu’à la normale, leurs émotions, certaines de leurs pensées, ou ce qu’on formalise dans certaines techniques sous la codification des auras de couleur (là encore, ce n’est qu’une technique intermédiaire, un support pour faciliter la montée en conscience de notre sensibilité, particulièrement sur la psyché des personnes). Enfin bref, rien de très extraordinaire, c’est juste tout ce qui sonne avec tambours et trompettes chez les gens dès qu’on y fait un peu attention et qu’on peut fixer aisément sa concentration dessus. Ça marche aussi avec les objets, mais j’y ai toujours été moins sensible. Le Père Verlinde dont j’ai déjà parlé a été beaucoup beaucoup plus loin : il avait acquis une sensibilité juste incroyable, mais qui s’est avéré être ni plus ni moins que la conséquence d’une infestation démoniaque. Il n’avait plus aucun effort à faire, il entendait des voix lui parler. Un cas relevant de l’exorcisme.

Revenons donc enfin à Therion. Oui, parce que je précise que le documentaire fleuve  sur l’occultisme que je viens de te pondre, tout ça là, c’est derrière moi. J’ai rangé ça, mis sous clef, et hop terminé. Retour à une vie spirituelle guidée par Dieu, pour autant que ma volonté s’y soumette, et finie l’exploration sauvage. Je précise ça pour toi qui ne t’es pas encore barré en courant en te disant que j’avais sans doute un grain quelque part. Therion est donc un groupe de musique impliqué dans un ordre occulte dit « de la main gauche » lié à une forme de magie qu’on appelle « draconique » ou « draconienne » ou encore « magie du dragon », que j’ai assez peu étudié. Pour faire très résumé, le dragon est évidemment un symbole, mais qui sert à figurer le concept d’égrégore. Avec l’accent particulier sur une dimension trop oublié de l’égrégore qui est son autonomie, sa vie propre : oui, parce qu’à la fin, un égrégore c’est un peu comme un être vivant, un golem.

Le côté « main gauche », que je connais beaucoup mieux, c’est pour désigner une philosophie très nietzschéenne, se résumant à : « tous les moyens sont bons pour s’élever spirituellement » (avec l’ambiguïté déjà évoquée sur le concept « d’élévation spirituelle » : en réalité on parle surtout de gagner en puissance). Bref, la négation de tout ordre moral est complètement assumée dans ce genre de pratique, que tu trouveras aussi sous le nom de LHP. Et autant te dire aussi que, quand on est dans ce genre de pratique, on est en général le-mec-qui-n’a-pas-froid-aux-yeux.

Les types qui ont fondé Therion (et qui sont toujours dedans) sont les mêmes qui ont fondé il y a 20 ans probablement l’un des plus grands ordres de magie draconique existant à l’heure actuelle : l’ordre dudragon rouge. Pour ma part j’ai un peu approché d’autres ordres occultes adeptes de la main gauche, et j’ai plutôt eu tendance à y laisser des plumes. Dimanche soir, au Hellfest, j’ignorais tout cela lorsque leur concert a commencé. Au début je n’ai rien vu venir. Le premier titre était une prestation tout à fait agréable de metal sur fond d’opéra baroque. Puis au cours du deuxième morceau j’ai commencé à me sentir très mal à l’aise. Des sensations que je n’avais pas connues depuis plusieurs années ont commencé à se manifester en moi. Je me suis dit : merde, qu’est-ce qu’ils sont en train de faire, là ? Puis j’ai fait savoir à Marie, qui m’accompagnait (cf. billlet précédent) que cette musique me mettait particulièrement mal à l’aise. C’est là qu’elle m’a dit que, d’après son copain, le groupe serait dans un certain ordre occulte appelé Dragon rouge, dont je n’avais jamais entendu parler. Les morceaux se sont enchainés et de manière invisible, sans qu’on ne puisse rien déceler de particulier dans les gestes, les paroles ou la mise en scène, j’ai commencé à ressentir des des « forces » concentrées autour de la scène, qui n’avaient rien de normales. En tout cas, suffisamment anormales pour que ça me bouscule à l’intérieur et que ça réveille en moi des sensibilités endormies depuis longtemps. Anormales dans la vie de tous les jours, mais parfaitement reconnaissables dans la magie.

Les opérations magiques bien ficelées répondent toutes à différents niveaux d’enchevêtrement d’une structure quaternaire. Ainsi, les préceptes de bases de l’initié, la devise ou ce que certains appellent parfois le « quaternaire du mage » sont : savoir – oser – vouloir – se taire. Ils correspondent analogiquement à des lois du monde invisible, comme l’analogie, l’équilibre, l’empreinte et la récolte (les termes peuvent varier d’une « tradition » à l’autre). Et surtout ils correspondent encore analogiquement à des phases incontournables dans un rituel, que sont la préparation, la protection, l’opération et la lâcher-prise. Là encore les termes sont variable (je reprends les plus connus liés à la sorcellerie). Ces dernières phases, hormis peut-être la préparation, je n’en suis pas certain, je les ai toutes clairement senties pendant le concert, et bien évidemment dans cet ordre.

Pour faire simple, après le premier morceau, j’ai senti converger, sous l’impulsion du groupe, les forces émanent du public pour alimenter un égrégore qui n’était pas la seule émanation de « l’ambiance du festival » ou du « charisme du groupe ». Therion était en quelque sorte en train de vampiriser, ou plutôt de détourner toute cette force vers la destination qu’ils avaient choisie. Quand j’ai été certain de ce que je ressentais, on était clairement en phase de protection (ou d’invocation, là cette terminologie me semble plus représentative). A partir de là je me suis senti franchement mal au point que j’ai eu envie de me blottir en position fœtale, tellement je sentais s’exprimer une puissance égrégorielle incroyable. Je serais incapable de dire qu’elle a été l’objectif de cette manipulation d’énergie, si elle avait d’autres fins que d’entrer en résonnance avec leur public et se nourrir. Les objectifs dépendent de la phase de préparation et il est fort probable que cette phase ait été faite, du moins en partie, en amont du concert. Toujours est-il que ça n’avait rien d’agréable, et la conjonction des forces du public, manipulées et maitrisées par le groupe, constituait un nuage invisible, presque électrique, autour de la scène dont la chaleur en était quasi-palpable.

Pendant un morceau, je me souviens très clairement que l’un des chanteurs s’est assis sur le devant de la scène. Je ne comprenais pas ce qu’il chantait et ne voyait pas bien ce qu’il faisait, mais je peux dire avec certitude qu’on était à la pointe du rituel. Si je devais comparer (avec toutes les réserves qui s’imposent) avec la célébration du mystère eucharistique, on pourrait dire que cela correspondait, dans l’ordre du déroulement, à la phase de transsubstantiation pendant la messe. J’étais littéralement pétrifié, je ne pouvais plus regarder, je baissais la tête en espérant qu’elle rentre dans mes épaules.

A l’avant-dernier morceau, j’ai relevé la tête… je tremblais de partout. J’étais complètement décomposé. Là, sans rien savoir de la durée du concert et du nombre de morceaux, j’ai senti qu’on arrivait à la fin : ils entraient clairement en phase de lâcher-prise. Redescente de l’énergie, on laisse flotter, on laisse le courant suivre son cours, et éventuellement l’empreinte s’évanouir. C’est la dernière phase nécessaire à l’efficience d’un rituel, à la récolte, au cours duquel le mage doit opérer un certain détachement de tout ce qu’il a mobilisé… il sort de l’agir pour laisser partir son opération en roue libre, comme lorsqu’on a semé une graine et qu’il faut la laisser pousser. Enfin le dernier morceau, comme le premier est re-devenu tout ce qu’il y a de plus normal, un morceau de musique metal très bien interprété, sans rien d’autre en arrière-plan que de la musique, un public et de l’ambiance. Le rituel était fini.

Encore une fois, je ne saurais pas dire la finalité de ce qu’ils ont opéré, ce qu’ils y ont gagné et les conséquences précises que cela a pu avoir sur le gens. Mais je sais que les vagues dans cette mer invisible de l’astral que j’ai ressenti, ce n’était pas juste de la houle. C’était manipulé, consciemment et volontairement. Et c’était du lourd. Je crois que le voir en public comme ça, pris par surprise, ça m’a complètement bouleversé, et m’a fichu une trouille pas banale.

Voilà, si tu as tenu jusque-là, merci d’avoir pris le temps. Je suis certain que tu ne me liras plus jamais comme avant, mais après tout, hein… ça aurait été ballot que j’occulte cette facette de mes expériences. Et si tu es fan de Therion, et bien peut-être que ça te conduira à te renseigner encore un peu plus sur ce que fait ce groupe. Je ne prolonge pas plus, vu que j’ai déjà explosé tous les standards en matière de longueur de billet pour un blog.

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